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Bagheera
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Espagne - Avril 2012

 

Encore une grève générale

 

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Nous vous entretenons régulièrement dans Le Monde libertaire de la situation sociale et politique espagnole 1. C’est qu’au-delà des Pyrénées le mouvement anarcho-syndicaliste, même s’il est loin d’avoir la même influence qu’avant la Guerre civile (1936-1939), représente encore

aujourd’hui une certaine force dans le mouvement syndical (la troisième derrière les CCOO et l’UGT 2. Depuis des semaines la CNT, la CGT et SO 3 organisaient des actions pour pousser vers l’organisation d’une grève générale contre les mesures antipopulaires envisagées par le nouveau gouvernement (de droite) dirigé par le Premier ministre Mariano Rajoy. Il faut préciser que ces mesures dirigées contre les travailleurs avaient largement été initiées par le précédent gouvernement « socialiste » de Zapatero. En deux ou trois ans, la situation économique espagnole a été bouleversée. Ce qu’on qualifiait jadis de « miracle espagnol » est devenu un véritable cauchemar : une crise immobilière doublée d’une crise financière ont révélé, si besoin était, le vrai visage du capitalisme. On connaissait déjà (comme en Grèce ou en Italie par exemple) la signification du terme mileuristas (ceux ou celles qui ne gagnent que mille euros par mois). Ces mileuristas sont désormais devenus des nimileuristas (qui ne gagnent même pas mille euros), ou en abrégé, des nimis (ni mismo : même pas). Les détenteurs d’un emploi, même précaire, vont bientôt être considérés comme de grands privilégiés dans un pays qui compte près de six millions de chômeurs : 23 % de la population active (50 % chez les jeunes).

 

La « réforme » proposée par Mariano Rajoy (en attendant les suivantes) va accentuer la précarité. Six cent trente mille suppressions de postes devraient être le résultat pour l’année à venir, de la mise en œuvre de cette réforme : « Ils ne veulent pas des travailleurs, ce qu’ils veulent c’est des esclaves » est un des slogans les plus entendus dans les cortèges. On comprend aisément l’émoi suscité dans la classe laborieuse. Pour faciliter ces suppressions de postes, une série de mesures a été spécialement concoctée, comme la possibilité pour une entreprise qui voit son chiffre d’affaires baisser trois trimestres consécutifs de licencier du personnel sans autre motif, ou de baisser les salaires afin de répondre aux impératifs de compétitivité, productivité, réorganisation technique…

Jusqu’à présent l’UGT et les CCOO avaient entériné les dispositions du patronat (refusées par les syndicats alternatifs), mais devant l’ampleur des atteintes envisagées à la législation du marché du travail, ces deux organisations réformistes se sont également décidées à appeler à la grève générale le 29 mars.

 

Il s’agit de la huitième grève générale depuis la fin de la dictature franquiste. Objectif : stopper la réforme concoctée par le gouvernement de Mariano Rajoy pour répondre aux injonctions de Bruxelles. Rajoy et son parti (Parti populaire, qui n’a de populaire que son nom et est l’équivalent de notre UMP nationale) avaient annoncé avant la grève que quelle que soit son ampleur, il maintiendrait son projet, tout comme l’avait fait il y a un an le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) alors au pouvoir. PSOE amnésique, qui cette fois a appelé à la grève pour protester contre ce type de mesures qu’il avait lui-même imposées.

 

Il faut être bien conscients (et même les syndicats réformistes le sont) qu’il s’agit pour la société espagnole du plus grand recul pour la démocratie depuis la période dite de « transition ». Le gouvernement affirme lui que cette nouvelle réforme du travail favorisera l’embauche puisque les patrons ne craindront plus les contraintes liées aux conditions de licenciements en cas de difficultés de l’entreprise (on connaît le refrain). C’est évidemment le contraire qui va se produire : augmentation des licenciements, et en cas d’embauche, conditions précaires et salaires à la baisse. Le patronat en salive d’avance !

 

Face à cela, impossible cette fois pour UGT et CCOO de se défiler. Malgré des accords honteux signés ces dernières années, malgré le service minimum entré en vigueur (par exemple dans les transports publics), l’appel à la grève a donc finalement été lancé… et entendu. Bien sûr, comme d’habitude (comme chez nous), la guerre des chiffres fait rage : 800 000 grévistes pour les organisateurs, dix fois moins pour les autorités, mais il y a un autre moyen de vérifier que cette grève a été très largement suivie, c’est la consommation électrique du pays ce jour-là : le 29 mars elle a baissé de 16 % en moyenne, soit la consommation habituelle d’un jour férié.

 

Il est toutefois intéressant de se pencher sur les chiffres par activité et par région. Le pourcentage total de grévistes semble tourner autour de 77 %. Dans les administrations seulement 57 % (suivant les syndicats) ou 17 % (suivant les autorités). Par contre, on arrive à 97 % dans l’industrie, 95 % dans les transports, 70 % dans les services, 90 % dans l’industrie automobile (notamment chez PSA-Citroën). Seat, Nissan, Yamaha, etc., étaient bloqués non du fait de piquets de grève, mais parce que l’immense majorité des travailleurs ont cessé le travail. Autres secteurs complètement bloqués : la pétrochimie, l’agroalimentaire et l’aéronautique (EADS), qui comptait à elle seule 8 000 grévistes. Mouvement également suivi évidemment dans l’éducation : 70 % dans les écoles publiques et 45 % dans les établissements privés.

 

On a pu comptabiliser plus d’une centaine de grandes manifestations dans tout le pays mais surtout dans les régions les plus industrialisées, et les communautés les plus peuplées (communautés catalane, madrilène, andalouse, basque, valencienne). Si l’on regroupe les chiffres, on trouve le Pays basque en tête avec un taux de participation à la grève de 95 %, la Navarre et la Galice 90 %, les Asturies 89 %, la Catalogne 82 %, l’Andalousie, Madrid et Valence 76 %. À Barcelone, qui a connu le plus grand défilé (275 000 manifestants), regroupant grévistes, chômeurs, retraités, étudiants, victimes expropriées par les banques, travailleurs du secteur public qui subissent leur troisième baisse de salaire, la grève n’a cessé de s’étendre tout au long de la journée car des travailleurs qui ne faisaient pas grève pour ne pas perdre une journée de salaire, ou par peur de perdre leur emploi, ont rejoint dès la fin de leur travail les manifestants. Le porte-parole du CIU, qui avait commencé par minimiser le mouvement, a été contraint d’admettre le succès de celui-ci et de déclarer « comprendre le malaise citoyen qui s’exprime dans la rue ». Ça a dû lui arracher la gueule de dire ça, notamment parce que la situation a quelque peu dégénéré au long de la journée : deux cents containers brûlés, vitrines d’établissements financiers brisées, incendie d’une cafétéria Starbuck’s, et mêmes barricades dans le centre-ville. Les « troubles » ont duré de 13 heures à 21 heures et ont été d’une extrême violence : une centaine de blessés dont soixante-dix policiers (eh oui, c’est pas toujours les mêmes qui morflent !) et également 176 arrestations.

 

La ministre du Travail, Fátima Báñez, avait affirmé par avance : « La réforme du marché du travail sera appliquée et le gouvernement maintiendra son calendrier des réformes à venir. » Face à cette déclaration provocatrice, les syndicats, au vu de l’ampleur du mouvement de protestation, répliquent que le conflit social va s’amplifier et donnent rendez-vous pour les défilés du 1er mai. L’UGT propose une nouvelle fois l’ouverture de négociations, sans obtenir la moindre réponse du gouvernement. Les syndicats alternatifs, eux, proposent de pousser l’avantage des grévistes sans attendre le 1er mai. (Une grève par mois, nous savons quoi en penser au vu de ce qu’ont donné en France les journées d’action hebdomadaires contre la réforme des retraites de Sarkozy.) Fátima Báñez, toujours elle, y est allé de son couplet apaisant en direction des réformistes : « Les syndicats sont des acteurs très importants dans la recherche de solutions aux problèmes de ce pays, et je crois en leur responsabilité pour donner le meilleur d’eux-mêmes. » Pourquoi alors ne pas les écouter ? Pourquoi ne pas entendre les manifestants hurler : « Comme ça, comme ça, pas un pas en arrière, contre la réforme, grève générale. »

 

La situation est douloureuse pour les Espagnols qui s’entendent dire que leur pays doit réduire en deux ans les dépenses publiques de 55 milliards d’euros, alors que leur pays entre dans une période de récession. Pari impossible à tenir mais qui va permettre à la droite d’en profiter pour attaquer frontalement toutes les conquêtes ouvrières obtenues depuis un siècle. On assiste déjà (comme en Grèce) à un exode qui s’accélère des jeunes diplômés qui veulent aller voir ailleurs si le capitalisme est plus clément pour eux. On connaît la réponse : l’exploitation de l’homme par l’homme n’a toujours pas de frontières. Le prolétariat non plus. Il convient donc de ne pas céder un pouce de terrain contre ces fossoyeurs des conquêtes ouvrières. Les manifestants espagnols s’adressent à leur chef de gouvernement : « Mariano, Mariano, tu ne tiendras pas jusqu’à l’été. »

 

Et ici ? On attend sagement les élections ? On y croit, ou on se prépare à l’après mai 2012 ? Car quelle qu’en soit l’issue, on connaît le nom du perdant : la classe ouvrière. On peut déjà être sûr qu’un wagon de mesures pour continuer de nous faire payer leur crise est déjà prêt. Reste à savoir qui va se charger de vouloir nous les imposer. L’Espagne aujourd’hui, la France bientôt ? À nous de ne pas écouter les sirènes électorales et de nous battre. Car comme toujours, nous n’aurons que ce que nous prendrons.

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TURQUIE-ARMÉNIE

 

Un jour de commémoration qui rouvre des plaies

 

 

Le 24 avril, date de début de la déportation des Arméniens d'Istanbul, est considéré à ce titre comme le jour du déclenchement du génocide arménien, que l'Etat turc refuse toujours de reconnaître. La presse turque reste très divisée sur cette question.

 

24.04.2012 | Pierre Vanrie | Courrier international

 

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© AFP

Des Arméniens du Liban brûlent le drapeau turc lors d'une manifestation devant l'ambassade de Turquie à Rabieh, près de Beyrouth, le 24 avril.

 

"Le combat pour convaincre l'opinion internationale qu'il n'y a pas eu de génocide est perdu parce que les Arméniens ont déjà réussi à gagner à leurs thèses la plus grande partie de l'opinion mondiale", estime le journaliste Mehmet Ali Birand estime dans Posta . A l'occasion de la parution de la traduction turque d'un livre reprenant la vision allemande des événements de 1915, M. A. Birand s'interroge sur l'histoire officielle turque. "Lorsque vous lisez ces documents, et si vous vous mettez dans la peau de quelqu'un qui découvre cette problématique pour la première fois, vous ne pouvez pas ne pas croire à la thèse du génocide. Et même si vous vous êtes renseignés sur ces événements avec des documents reprenant le point de vue turc, vous ne pouvez qu'être troublés." Et Birand de reprocher aux autorités turques de ne pas avoir réalisé un vrai travail de publication d'archives sur cette question sensible. "Est-ce parce que vous n'avez pas trouvé de documents suffisamment crédibles appuyant vos thèses à l'extérieur que vous vous êtes contentés de publier des archives turques ?"

 

L'éditorialiste turco-arménien Yetvart Danzikyan écrit dans Radikal toute la difficulté qu'il y a pour un Arménien de Turquie de célébrer le 24 avril alors que la veille, le 23 avril, est une fête officielle turque importante (fête de la souveraineté nationale et fête des enfants). "A chaque 23 avril c'est la même chose. Notre conscience nous pousse à parler du 24 avril. Ensuite, on s'interroge sur l'opportunité de le faire un 23 avril. Gâcher l'ambiance alors que la République turque célèbre la fête des enfants ainsi que l'anniversaire de la fondation de son premier Parlement n'est pas chose aisée. A fortiori dans un pays où règne un consensus très large et très oppressant sur le déni de cette question [arménienne]."

"Et pourtant, c'est nécessaire, estime Yetvart Danzikyan, au moment où les maîtres de ce pays mettent tout en œuvre pour qu'Obama ne prononce surtout pas le mot 'génocide'. C'est nécessaire lorsque le gouvernement turc dit, chaque fois que l'on aborde le sujet, que 'c'est aux historiens de décider' ajoutant ensuite 'mais de toute façon un tel événement n'a pas eu lieu'. C'est nécessaire lorsque le procès sur la mort douteuse d'un jeune soldat turc d'origine arménienne, qui a eu lieu précisément un 24 avril [2011], n'avance pas. C'est nécessaire lorsqu'il y a dans ce pays un système judiciaire qui ne conclut pas à l'existence d'une organisation derrière les assassins de Hrant Dink [journaliste turco-arménien tué le 19 janvier 2007] bien qu'ils aient bénéficié d'un soutien évident de la part de l'appareil d'Etat."

 

Agos, hebdomadaire turco-arménien d'Istanbul, exprime son inquiétude par rapport à un sursaut nationaliste turc au fur et à mesure que l'on se rapproche de 2015 où sera célébré le centième anniversaire du génocide arménien. "La haine anti-arménienne exprimée en février dernier lors du meeting en souvenir des massacres commis contre les Azéris [par des soldats arméniens au Karabakh en 1992], les conférences sur le 'mensonge de 1915' données dans les écoles, les préparatifs en terme de propagande en vue de 2015, tout cela nourrit un ressentiment nationaliste qui sera exacerbé par les pressions extérieures. Tant que les Turcs et les Arméniens laisseront des pays tiers s'emparer hypocritement de cette question et tarderont à la résoudre entre eux, cette tension inquiétante ne fera qu'augmenter."

 

C'est dans ce contexte que la journaliste Hilal Kaplan, du quotidien progouvernemental Yeni Safak, qui porte le foulard et se revendique du féminisme islamique, a appelé, au nom de ses conceptions philosophiques et religieuses, à participer au rassemblement du 24 avril 2012 à 19 h 15 sur la place Taksim, à Istanbul, pour honorer la mémoire des Arméniens déportés en 1915. D'autres journalistes turcs de Taraf et de Radikal ont également relayé cet appel.

Edited by Bagheera
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Algérie: échauffourées entre jeunes et police après une tentative d'immolation

 

 

 

Des échauffourées ont opposé dimanche les forces de l’ordre à plusieurs jeunes à Jijel (360 km à l’est d’Alger) après qu’un vendeur a tenté de s’immoler par le feu pour protester contre la démolition de son local commercial de fortune, a indiqué l’agence de presse algérienne APS.

Le jeune vendeur, qui s’est aspergé d’essence avant de mettre le feu, aurait été évacué à l’hopital de Jijel puis vers le centre des brûlés de Constantine (430 km à l’est d’Alger), a précisé l’un de ses proches.

Des manifestants en colère ont lancé plusieurs projectiles sur le siège de la wilaya (préfecture) alors que forces de l’ordre ont été déployées devant plusieurs bâtiments publics.

Au centre-ville, la circulation automobile était perturbée et plusieurs commerces fermés. Les tentatives d’immolation se sont multipliées depuis janvier 2011 en Algérie et ont touché notamment des lycéens.

La presse algérienne a comptabilisé plusieurs dizaines de tentatives dont un nombre indéterminé ont été mortels. Un cas similaire en Tunisie voisine en décembre 2010 a provoqué la première révolution arabe qui a chassé le 14 janvier suivant le président Zine el Abidine Ben Ali après 23 ans de pouvoir.

(AFP)

Edited by papelito
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Le journaliste de 35 ans a été fait prisonnier par les Farc en Colombie alors qu'il réalisait un reportage aux côtés de l'armée.

 

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Le journaliste Roméo Langlois, 35 ans, fait prisonnier samedi 28 avril en Colombie alors qu'il réalisait un reportage aux côtés de l'armée, est un excellent connaisseur des Farc et de ce pays où il travaillait depuis une dizaine d'années, selon ses confrères et employeurs.

"Nous étions arrivés ensemble en Colombie en tant qu'étudiants en 2000. Nous sommes devenus journalistes et avons travaillé ensemble. Il connaissait parfaitement les Farc et la Colombie, son pays d'adoption", a déclaré Pascale Mariani, ex-journaliste au "Figaro" et ancienne compagne du journaliste qui continue de travailler sur plusieurs projets avec lui.

Courageux

 

"Je ne l'ai jamais vu prendre des risques inconsidérés. Il avait fait cela plusieurs fois (aux côtés de l'armée). Il ne se contentait jamais d'un reportage fait à moitié. C'est quelqu'un de très courageux et qui a d'innombrables contacts, notamment parmi les Farc (rebelles marxistes des Forces armées révolutionnaires de Colombie) dont il connaît les codes, le langage", a-t-elle souligné.

"Pendant toutes ces années, nous avons suivi tout ce qui touchait au conflit et avons été plusieurs fois confrontés à des combats entre l'armée et les Farc. Nous essayons à chaque fois de nous placer du point de vue des civils", a-t-elle ajouté.

Blessé au bras

 

Originaire de Toulouse, Roméo Langlois est devenu correspondant pour le "Figaro" au début des années 2000, après des études à Sciences politiques et en communication, puis il a travaillé pour France 24. Il réalisait un reportage pour cette chaîne de télévision lorsqu'il a été fait prisonnier dans le cadre d'une opération contre le trafic de drogue dans le département de Caqueta, au sud du pays, aux côtés d'une unité des forces aéronavales colombiennes. Selon le ministre colombien, le journaliste a été blessé au bras gauche au cours de cette opération.

 

Contacts avec les Farc

 

Il a également réalisé deux documentaires remarqués pour Canal +, dont un sur les dessous de la libération d'Ingrid Betancourt et sur l'Or de Colombie, "tournant des choses que personne n'avait jamais tournées", a dit Stéphane Haumant, patron du service d'investigation de la chaîne cryptée.

"Il adore le terrain et il y va souvent. Il avait créé d'innombrables contacts et établi une relation de confiance avec les Farc. Je ne crois pas que c'était son truc d'être 'embedded'" (pris en charge par l'armée), dit Patrick Bèle, journaliste au "Figaro" chargé de l'Amérique du sud.

"Il a travaillé dix ans en Colombie sans jamais avoir d'ennuis. Il savait où il mettait les pieds", a-t-il ajouté.

"C'est quelqu'un qui a une longue expérience de la Colombie et qui a l'habitude d'aller au plus près des situations dangereuses en connaissance du terrain. Là, malheureusement, il n'a pas eu de chance", a estimé Michaela Cancela-Kieffer, journaliste de l'Agence France Presse qui a dirigé le bureau de Bogota.

La directrice des rédactions de l'Audiovisuel Extérieur de la France, Nahida Nakad, a assuré dimanche "faire confiance" à Roméo Langlois, soulignant elle aussi qu'il "connaît bien le terrain" et qu'il "a beaucoup d'expérience".

Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a indiqué dimanche que le journaliste "a été fait prisonnier" à l'occasion d'un "affrontement entre les troupes colombiennes et les Farcs."

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ernational

Le chiffre bidon du taux de participation aux élections législatives algériennes

 

 

 

 

le 11. mai 2012 - 10:31

 

 

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Comme à chaque élection, les chiffres officiels avancés par le régime algérien sont totalement truqués. Le seul enjeu du scrutin législatif du 10 mai, où plus de 45 partis ont été agréés par le DRS ( les services de renseignements ) véritable détenteur du pouvoir, résidait au niveau du taux de participation et non au niveau des résultats. L'Assemblée populaire nationale dans ce pays n'est qu' une simple chambre d’enregistrement , composée de députés à l'esprit clientéliste et cooptés par le système. Toutes les décisions les plus importantes du pays sont prises lors de conclaves militaires, où sera également désigné le choix du prochain président algérien pour 2014.

42% est donc le chiffre magique "officiel" du taux de participation des dernières élections législatives algériennes, alors que celui de 2007 était de 35,7%. Une augmentation de 7% qui ne relève pas d'un comptage rigoureux du nombre de votants, mais plutôt d'un chiffre fantaisiste avancé par les services algériens experts en manipulation électorale. Un chiffre repris immédiatement et sans aucun recul par la presse internationale. Alors que les observateurs les plus avertis de la scène politique algérienne, comme le politologue Lahouri Addi avait prévu un chiffe de 27%! Que le peuple s'abstienne en masse n'est guère pris en considération par le régime algérien dont seul compte pour lui le soutien des Etats-Unis et celui de la France, garants de sa pérennité.

 

oumma.com

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Italie: Un groupe anarchiste revendique l'attaque qui a blessé un PDG

 

Mis à jour le 11.05.12 à 13h16

 

Un petit groupe anarchiste italien a revendiqué ce vendredi l'attaque qui a blessé lundi à Gênes le directeur général d'Ansaldo Nucleare, une société italienne spécialisée dans le nucléaire, rapporte ce vendredi le Corriere della Serra.

Le quotidien italien indique avoir reçu une lettre de la cellule Olga de la Fédération anarchiste informelle-Front révolutionnaire international, qui explique avoir mené l'attaque pour punir «l'un des nombreux sorciers de l'industrie atomique».

Roberto Adinolfi, qui dirige Ansaldo Nucleare, une entreprise liée au conglomérat de défense Finmeccanica, a été blessé par balle à la jambe lundi. L'attentat a ravivé les craintes d'une résurgence des violences des groupes extrémistes de gauche et de droite qui ont rythmé la vie politique italienne pendant les années 1970 et 1980.

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  • 2 weeks later...
Ce sera donc le "Frère" contre le militaire. Le second tour de la présidentielle égyptienne se jouera entre Mohammed Morsi, le candidat du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la façade politique des Frères musulmans, et Ahmed Chafik, dernier premier ministre d'Hosni Moubarak et ancien général à la retraite. Prévu les 16 et 17 juin, ce deuxième tour s'annonce explosif : il va mettre aux prises les deux principales forces du pays de ces cinquante dernières années, les Frères musulmans et l'armée.

 

Les résultats officiels du premier tour ne sont pas attendus avant mardi. Mais voici, en nombre de voix et en pourcentage (sur une vingtaine de millions de suffrages exprimés puisque la participation a été de 50 %), l'ordre d'arrivée et le poids des principaux candidats. Attention, ces chiffres, compilés par nos soins de différentes sources n'ont rien de définitif :

 

- Mohammed Morsi : 5,5 millions de voix (27,5 %)

- Ahmed Chafik : 5,2 millions (26 %)

- Hamdin Sabahi : 4,7 millions (23,5 %)

- Abdel Moneim Aboul Foutouh : 3,9 millions (19,5 %)

- Amr Moussa : plus de 2 millions (plus de 10 %)

Edited by Aymeric
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Levée de boucliers en Grèce après les propos de Lagarde

 

 

Une charge de la directrice du FMI Christine Lagarde sur le paiement des impôts a provoqué dimanche une levée de boucliers en Grèce, le dirigeant socialiste évoquant un peuple "humilié" alors que les internautes inondaient la page Facebook de Mme Lagarde de commentaires rageurs.

 

Mme Lagarde a mis le feu aux poudres en estimant que "les Grecs devraient commencer par s'entraider collectivement", et ce, en "payant tous leurs impôts". Dans cette interview au Gardian, elle évoque aussi "tous ces gens qui essaient tout le temps d'échapper aux taxes".

La directrice du FMI dresse même un parallèle avec la situation en Afrique, estimant que les jeunes enfants dans un petit village du Niger "ont encore plus besoin d'aide que les gens à Athènes".

 

"Il y a une crise humanitaire en Grèce, très couteuse, au cas où vous ne le sauriez pas. C'est vraiment une honte!", commentait dimanche une internaute, Despina Panagiotopoulou, sur la page Facebook de la patronne du FMI.

Samedi soir, devant le tollé généré par ses propos, Mme Lagarde s'est montrée plus conciliante, se disant "très compatissante à l'égard des Grecs et les défis qu'ils relèvent". Les propos de Mme Lagarde avaient suscité dimanche plus de 8.500 commentaires sur sa page Facebook.

 

"Une part importante de cet effort est que tout le monde devrait porter équitablement sa part du fardeau, en particulier les plus privilégiés et en particulier en payant leurs taxes", a-t-elle écrit.

"Peu importe ce que vous dites maintenant, après toutes ces critiques. Savez-vous les dégâts que vous avez causés au peuple grec?, demande Thanasis Athanasopoulos. "Nous ne sont pas fainéants et nous ne sommes pas des mendiants".

"Merci pour votre amour et votre soutien et sachez que les Grecs ne sont pas stupides. Nous connaissons votre jeu et nous n'allons plus l'autoriser"!!!!", assure Elena Papoutsi.

 

"le 17 juin les Grecs vont répondre aux usuriers du monde entier qui exploitent notre pays", prévient de son côté Eleftheria.

Le chef du parti socialiste Pasok, Evangélos Vénizélos, après avoir estimé que les propos de Mme Lagarde avaient "humilié" et "insulté" les Grecs, s'est réjoui qu'elle ait rectifié le tir, car "cela signifie qu'elle a pris en compte une nation fière".

 

Après le vote anti-austérité du 6 mai, les législatives du 17 juin en Grèce sont attendues avec fébrilité à l'international. Le parti de la gauche radicale Syriza, donné selon les derniers sondages en seconde position derrière les conservateurs de Nouvelle-Démocratie (ND), prône l'annulation des mesures de rigueur prévues par le plan de redressement imposé par l'UE et le FMI en échange des prêts accordés à Athènes jusqu'en 2014.

 

Face au risque d'un rejet du plan d'austérité qui conduirait in fine à une probable sortie de l'euro, les bailleurs de fonds internationaux restent fermes, à l'image du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble qui martèle à l'envi qu'Athènes doit "tenir ses engagements" pour rester dans l'euro.

"Il n'est pas admissible qu'un petit pays, par son refus des règles du jeu, puisse continuer à mettre en danger l'ensemble du continent (...) Aux Grecs de choisir. En espérant qu'ils feront le bon choix. Sinon, l'Europe devra en tirer les conséquences. Sans état d'âme", tranchait même sévèrement le quotidien français Le Monde mercredi dans un éditorial signé par son directeur.

En Grèce, les mêmes arguments sont utilisés pour discréditer Syriza, alors que le pays risque d'être à court de liquidités d'ici fin juin si les aides financières sont coupées en cas de rejet du plan d'aide international par les électeurs le 17 juin, a prévenu l'ex-Premier ministre grec, selon un memo paru dans la presse dimanche.

 

"Le pays a besoin d'un pays qui unisse les gens et révise le plan de rigueur mais en s'assurant que nous restions dans l'euro", a déclaré dimanche M. Vénizélos, alors que la veille, Antonis Samaras, le chef de la ND, estimait que s'opposer au plan de redressement conduirait la Grèce hors de l'euro et constituerait une "véritable catastrophe" pour le pays.

 

Mi-mars, la Task force européenne pour la Grèce notait que le pays avait fait des progrès "prometteurs" sur la perception de 8 milliards d'arriérés d'impôts recensés, avec 946 millions collectés en 2011. Mais elle soulignait qu'en matière de fiscalité, des progrès devaient encore être faits, notamment dans la lutte contre l'évasion fiscale des riches contribuables et des grandes entreprises.

Dimanche en France, l'ex-candidat du Front de gauche à l'Elysée Jean-Luc Mélenchon, soutien de Syriza, a dénoncé des propos "indignes" de Mme Lagarde en appelant les armateurs et l'Eglise orthodoxe à payer leurs impôts.

 

 

............

 

Au risque de me faire niquer par des -1, elle n'a pas tord ! Même si les 'politiques' ont participé à mettre leur pays dans la merde.

 

Y'a un continent perpetuellement en crise, on s'en bat les couilles au 20H.

 

Bref.

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Mona Chollet, Aux sources morales de l’austérité, Le monde diplomatique, Mars 2012

 

 

 

Les vertus supposées de la mortification

Aux sources morales de l’austérité

 

 

L’Union européenne a consenti le 21 février à accorder une nouvelle aide financière à la Grèce, à condition que celle-ci accepte une « surveillance renforcée » de sa gestion budgétaire. Ce plan ne devrait qu’aggraver un peu plus la récession dans un pays exsangue. L’obstination à préconiser la rigueur s’expliquerait-elle par des certitudes morales plus puissantes que la raison ?

 

 

 

Rigueur, austérité, efforts, sacrifices, discipline, règles strictes, mesures douloureuses… A force d’assiéger nos oreilles de ses fortes connotations moralisatrices, le vocabulaire de la crise finit par intriguer. En janvier dernier, à la veille du Forum économique de Davos, son président, M. Klaus Schwab, parlait carrément de « péché » : « Nous payons les péchés de ces dix dernières années », diagnostiquait-il, avant de se demander « si les pays qui ont péché, en particulier ceux du Sud, ont la volonté politique d’entreprendre les réformes nécessaires » (1). Dans Le Point, sous la plume de Franz-Olivier Giesbert, le décompte de nos bacchanales débridées est plus large : l’éditorialiste déplore « trente ans de bêtises, de folies et d’imprévoyance, où l’on a vécu au-dessus de nos moyens (2) ».

 

Dirigeants et commentateurs ressassent le même récit fantasmatique : en se montrant paresseux, insouciants, dispendieux, les peuples européens auraient attiré sur eux, comme une juste punition, le fléau biblique de la crise. Maintenant, ils doivent expier. Il faut « se serrer la ceinture », remettre à l’honneur les bonnes vieilles vertus d’épargne et de frugalité. Le Monde (17 janvier 2012) cite en exemple le Danemark, pays modèle auquel une « cure de patates » a permis de revenir dans les bonnes grâces des agences de notation. Et, dans son discours de prise de fonctions, en décembre 2011, le président du gouvernement espagnol, M. Mariano Rajoy, haranguait ses compatriotes : « Nous sommes confrontés à une tâche ingrate, comme celle de ces parents qui doivent se débrouiller pour nourrir quatre personnes avec l’argent pour deux. »

 

De nombreuses voix s’élèvent pour souligner l’imposture de ce raisonnement qui prétend calquer le comportement d’un Etat sur celui d’un ménage. Il escamote la question de la responsabilité de la crise, comme le poids insupportable que l’austérité fait peser sur les populations, dont la seule faute est d’avoir voulu se soigner ou payer les professeurs de leurs enfants. Pour un particulier, la rigueur budgétaire peut être une source de fierté et de satisfaction ; pour un Etat, elle signifie la ruine de centaines de milliers de citoyens, quand elle n’aboutit pas, comme c’est le cas en Grèce, à un sociocide pur et simple. Au Danemark, précisait Le Monde, la « cure de patates » se traduisit par une explosion du chômage et par une réduction drastique des programmes sociaux ; « soixante mille familles perdirent leur logement ». Ainsi, non seulement ce faux bon sens efface magiquement les inégalités sociales et occulte les ravages de l’austérité, mais il préconise, face à la crise, une politique économique qui n’aboutit qu’à l’aggraver en empêchant toute relance par la consommation. « Epargner et investir sont des vertus pour les familles ; il est difficile pour les gens d’imaginer que, à l’échelle des nations, trop de frugalité peut causer des problèmes », remarque l’éditorialiste de Bloomberg Businessweek Peter Coy (26 décembre 2011).

 

Irrationnels, proprement délirants, les appels à la contrition n’entretiennent aucun rapport avec la réalité. Comment expliquer alors qu’ils continuent de résonner d’un bout à l’autre de l’espace européen ? Parce qu’ils servent les intérêts dominants, répondra-t-on. Et, de fait, ils offrent l’occasion de parachever, au prétexte de la dette, la destruction des conquêtes sociales de l’après-guerre, entamée il y a une trentaine d’années. Avant cela, ils avaient déjà permis, dans la France de Vichy, d’enterrer le souvenir funeste du Front populaire. Le procès de Riom, qui se tint en 1942 dans cette petite ville du Puy-de-Dôme, visait à démontrer que les dirigeants « révolutionnaires », tels Léon Blum et Edouard Daladier, étaient responsables de la défaite de juin 1940 face à l’armée allemande. Le passage aux quarante heures dans les usines d’armement, et non les décisions des états-majors, aurait été fatal aux troupes françaises… En vue du « redressement national », le maréchal Philippe Pétain entendait substituer, déjà, l’« esprit de sacrifice » à l’« esprit de jouissance ». A l’ouverture du procès, le quotidien Le Matin désignait Blum comme « l’homme qui a inoculé le virus de la paresse dans le sang d’un peuple (3) ». Les Français, soixante-dix ans avant les Grecs… et les Portugais, que leur premier ministre, M. Pedro Passos Coelho, admoneste en ces termes : « Vous vous souvenez certainement de cet épisode grotesque, quand, alors que la “troïka†[européenne] travaillait à Lisbonne pour élaborer un programme d’aide au Portugal [en 2011], tout était fermé dans le pays, parce que tout le monde profitait de quelques jours fériés pour faire le pont. La “troïkaâ€, qui prêtait de l’argent au Portugal, travaillait ; le pays profitait des ponts. Heureusement, ce qui s’est passé depuis a été à rebours de cette première image, très mauvaise (4). »

Une promesse de régénération

 

Mais l’invitation au labeur, à la mortification et à l’abnégation n’est-elle qu’une ruse pour faire accepter au plus grand nombre sa spoliation ? Ses accents sincères, passionnés, donnent à penser qu’elle ne doit pas tout au cynisme, et qu’elle s’enracine dans un fond culturel solide. « Cette humeur “sacrificielleâ€, de l’ordre de l’ethos autant que du raisonnement, suscite de la part de nombreux commentateurs une sorte de jubilation morbide, comme si la souffrance populaire avait aussi une dimension “purificatrice†», constate le sociologue Frédéric Lebaron à propos de la situation actuelle (5). Pétain voulait rappeler aux Français que, « depuis Adam, le châtiment est un appel au relèvement, une promesse de régénération (6) ». Plus près de nous, M. Rajoy prophétise : « L’effort ne sera pas inutile. Les gros nuages disparaîtront, nous relèverons la tête et viendra le jour où on parlera de l’Espagne en bien ; le jour où nous regarderons en arrière et où nous ne nous souviendrons plus des sacrifices. »

 

La revendication par le peuple de conditions de vie décentes ne fait pas qu’alarmer ceux dont elle contrarie les intérêts : elle leur inspire une sorte de terreur superstitieuse, comme si elle représentait une transgression impensable. Lors de la défaite de 1940, relatait l’historien et résistant Marc Bloch, les cadres militaires, issus de la haute société, avaient « accepté le désastre parce qu’ils lui trouvaient ces atroces consolations : écraser, sous les ruines de la France, un régime honni ; plier les genoux devant le châtiment que le destin avait envoyé à une nation coupable (7) ».

 

Quant à ceux qui, de par leur position dans la société, n’ont aucun intérêt objectif à souscrire à cette lecture des événements, ils sont pourtant nombreux à s’y montrer réceptifs. Au regard des dommages infligés à la collectivité, les mouvements d’« indignés » peuvent même apparaître comme une réponse bien timide, laissant subodorer que la rhétorique de l’expiation nécessaire rencontre, malgré tout, un terrain favorable. En mai 2011, une fonctionnaire grecque qui avait déjà vu son salaire passer de 1 200 euros à 1 050 euros, pour un temps de travail hebdomadaire passé, lui, de trente-sept heures et demie à quarante heures, assurait par exemple être « prête à des efforts supplémentaires (8) ».

 

Qu’un substrat culturel, voire religieux, détermine les attitudes des protagonistes de la crise de l’euro, certains n’ont pas manqué de le faire remarquer. « Experts et politiques négligent un facteur : Dieu. Enfin, la religion et, en l’espèce, le protestantisme luthérien. Fille de pasteur, [la chancelière allemande] Angela Merkel a le sens du péché, comme beaucoup de ses compatriotes. Il y a une manière allemande de parler de l’euro qui fleure bon l’influence du Temple. Et qui n’est évidemment pas sans conséquences sur les solutions avancées pour secourir l’union monétaire européenne », écrit ainsi Alain Frachon dans Le Monde (23 décembre 2011).

On peut cependant douter que l’influence du protestantisme se limite à l’aire géographique où il prit son essor au XVIe siècle. Le sociologue allemand Max Weber a montré dans un essai célèbre, en 1905, comment l’éthique protestante avait contribué à mettre en selle le capitalisme, en façonnant un « esprit » qui lui était favorable (9). Par la suite, et jusqu’à nos jours, cet esprit a perduré et prospéré de façon autonome, hors de tout référent religieux. Il a fini par devenir aussi omniprésent et invisible que l’air que nous respirons. L’historienne Janine Garrisson cite l’exemple de Jean-Paul Sartre, qui ironisait sur la foi protestante de son grand-père maternel, tout en étant lui-même « bien plus proche de lui, de son puritanisme, de son goût de la connaissance, qu’il ne voulait bien l’admettre. N’est-ce pas le même Sartre qui proclame haut et clair qu’un intellectuel qui ne travaille pas au moins six heures par jour ne peut revendiquer ce titre prestigieux (10) ? ».

La thèse de Weber est en effet que le protestantisme a « fait sortir l’ascèse des couvents » où le catholicisme l’avait confinée. La doctrine calviniste de la prédestination, selon laquelle chaque être humain est élu ou damné par Dieu de toute éternité, sans qu’aucun de ses actes soit susceptible d’y changer quoi que ce soit, aurait pu conduire à une forme de fatalisme. Elle produisit l’effet inverse : soumettant chaque aspect de leur vie à une discipline stricte, les fidèles investirent toute leur énergie dans le travail, quêtant dans le succès économique un signe de leur salut. La fortune cessa alors d’être condamnable — bien au contraire. Seul le fait d’en jouir était répréhensible. Weber mentionne le cas d’un riche fabricant à qui son médecin avait conseillé de manger chaque jour, pour sa santé, quelques huîtres, mais qui ne pouvait se résoudre à une telle somptuosité, non par avarice, mais par scrupule moral.

 

« L’idée du devoir professionnel, écrit le sociologue, erre dans notre vie comme un fantôme des croyances religieuses d’autrefois. » Car la main-d’œuvre, elle aussi, dut apprendre à « effectuer le travail comme s’il était une fin en soi absolue — une “vocation†». Cette mentalité, aujourd’hui dominante, ne s’imposa qu’au prix d’un « lourd combat contre un monde de puissances hostiles », et en particulier à l’aide d’une politique de bas salaires : Jean Calvin estimait que la masse des ouvriers et des artisans « devait être maintenue en état de pauvreté pour rester obéissante envers Dieu ». Le protestantisme creusa entre élus et damnés « un fossé a priori plus infranchissable et plus inquiétant que celui qui séparait du monde le moine du Moyen Age — un fossé qui traça une empreinte profonde dans tous les sentiments sociaux ». Le puritanisme anglais forgea également « une législation sur la pauvreté dont la dureté tranchait radicalement avec les dispositions antérieures ».

 

Riche ou pauvre, désormais, se reposer, profiter de la vie, « perdre son temps » ne pouvait plus se faire sans mauvaise conscience. On mesure ce que le monde actuel doit à cette conception lorsqu’on lit que le pasteur luthérien Philipp Jacob Spener, fondateur du piétisme, dénonçait comme moralement condamnable « la tentation de prendre sa retraite prématurément »…

En somme, comme l’avait perçu dès le XVIe siècle l’humaniste allemand Sebastian Franck — cité par Weber —, la Réforme « imposa à chaque homme d’être un moine tout au long de sa vie ». L’emprise du christianisme et de sa disqualification de l’existence terrestre s’en trouva fortement accrue. On peut présumer que cet héritage spirituel et culturel n’est pas sans inhiber les réponses possibles aux attaques menées contre les sociétés. Après la laïcisation des Etats, quid de la laïcisation des esprits ?

 

 

 

 

 

(1) Interview à L’Hebdo, Lausanne, 18 janvier 2012.

 

(2) Le Point, Paris, 23 novembre 2011. Cf. Mathias Reymond, « Les éditocrates sonnent le clairon de la rigueur », Acrimed, 12 décembre 2011.

 

(3) Cité par Frédéric Pottecher, Le Procès de la défaite. Riom, février-avril 1942, Fayard, Paris, 1989.

 

(4) Expresso.pt, 6 février 2012.

 

(5) Frédéric Lebaron, « Un parfum d’années trente… », Savoir / Agir, n° 18, Bellecombe-en-Bauges, décembre 2011.

 

(6) Cité par Gérard Miller, Les Pousse-au-jouir du maréchal Pétain, Seuil, coll. « Points Essais », Paris, 2004.

 

(7) Marc Bloch, L’Etrange Défaite, Gallimard, coll. « Folio Histoire », Paris, 1990.

 

(8) « Comment les Grecs se sont mis au régime sec », La Croix, Paris, 8 mai 2011.

 

(9) Max Weber, L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, traduit et présenté par Isabelle Kalinowski, Flammarion, coll. « Champs classiques », Paris, 2000. De même pour les citations suivantes de cet auteur.

 

(10) Janine Garrisson, L’Homme protestant, Complexe, Bruxelles, 2000.

 

Voir aussi le courrier des lecteurs dans notre édition de mai 2012.

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Québec : cent jours de révolte étudiante

 

Après avoir envenimé le conflit en publiant une loi d'exception, le gouvernement tente de sortir de la crise.

 

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Pour la trente-deuxième nuit consécutive, les casseroles, tambours et cornes de brume ont résonné samedi dans les quartiers résidentiels de Montréal, à peine importunés par la pluie battante survenue sans crier gare. Une dizaine de milliers de personnes, battant joyeusement sur leurs ustensiles de cuisine, ont arpenté la capitale économique d'est en ouest, avant de se disperser une nouvelle fois sans violence.

Le bref orage a cédé la place à une brise fraîche, porteuse d'espoir dans le conflit étudiant qui, depuis plus de trois mois, bouleverse la vie quotidienne du Québec. Comme une lueur au bout du tunnel, l'annonce de la reprise des négociations lundi après-midi (20h, heure française) entre la ministre québécoise de l'Éducation, Michelle Courchesne, et les organisations syndicales étudiantes a suscité un discret soulagement général, après 107 jours de manifestations quasi ininterrompues.

 

Malgré cette embellie saluée par les médias québécois, l'espoir d'une sortie de crise rapide demeure ténu, tant les positions des uns et des autres semblent irréconciliables. Le premier ministre Jean Charest (Parti libéral, conservateur) refuse de remettre en cause le principe d'une hausse des frais d'inscription universitaires. Les trois principaux syndicats étudiants, eux, exigent un moratoire pur et simple sur cette hausse. Même si le porte-parole de l'un d'entre eux, Léo Bureau-Blouin, de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), a laissé entendre qu'il pourrait entériner le principe d'une hausse, à condition que le gouvernement Charest «accepte de bouger» lui aussi dans la bonne direction.

«Au point où on en est, nous devrions enfermer tout ce beau monde dans une église, ironise Vincent Parissal, chroniqueur du quotidien La Presse, et ne les laisser sortir que lorsque la fumée blanche du consensus s'échappera de la cheminée.»

Déjà largement viciée, la situation se complique encore un peu plus du fait de la loi d'exception, dite «loi 78», votée le 18 mai dernier et restreignant temporairement les libertés d'expression et de rassemblement au Québec. Jugée abusive, voire «liberticide», par les étudiants, cette loi a eu pour effet de faire descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup ne se reconnaissaient pourtant pas dans les revendications étudiantes. Un sondage révélait le 26 mai que 60 % des personnes interrogées n'approuvaient pas la loi 78, alors qu'une large majorité, même au sein des 18-34 ans, soutenait l'augmentation des frais de scolarité.

Le plus radical des trois syndicats étudiants, la Classe (Coalition large de l'association pour une solidarité syndicale étudiante), a fait de l'abrogation inconditionnelle de la «loi spéciale» son nouveau cheval de bataille. Une abrogation qui conduirait Jean Charest à se renier publiquement, après avoir ouvertement joué d'une poigne de fer pour rétablir l'ordre public. Mais «il y a eu tant d'improvisation que cela confine à l'amateurisme», s'étonne le professeur de philosophie politique Daniel Weinstock, de l'université de Montréal.

«Une guerre des nerfs»

 

Depuis le vote de la loi 78, la querelle a pris une autre tournure, ressemblant parfois à un plébiscite contre Jean Charest, au pouvoir depuis neuf ans et éclaboussé par des rumeurs de corruption. Une commission d'enquête dirigée par la juge France Charbonneau a entamé des investigations sur l'attribution des contrats publics dans le domaine de la construction. Elle devrait rendre ses conclusions… en octobre 2013. «Il ne s'agit pas seulement de manifestations en faveur de la gratuité de l'enseignement supérieur, explique Catherine Legrand, professeur d'études latines à McGill. L'augmentation des frais de scolarité est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, après une décennie de gouvernement Charest et toutes ces affaires de corruption. Les gens ont l'impression que l'argent existe, mais qu'il disparaît quelque part en route, et certainement pas dans le financement des universités. Alors ils descendent dans la rue pour marquer leur ras-le-bol.»

Derrière le joyeux tintamarre de la «révolution des casseroles», une grande lassitude se fait sentir dans les rues de Montréal. «Je n'ai jamais vu ça, soupire Mélanie Carpentier, une avocate québécoise expatriée de 38 ans, de passage dans sa ville natale pour la Pentecôte. Les familles sont profondément divisées sur la loi 78, sur la grève étudiante. Aucun référendum (sur l'indépendance) n'a fait autant de dégâts. Les gens sont épuisés par une guerre des nerfs qui dure depuis trois mois. Il y a beaucoup d'agressivité dans l'air. Je suis vraiment inquiète pour la suite des événements.

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Conflit minier : état d'urgence décrété dans le sud-est du Pérou

 

 

L'état d'urgence a été décrété lundi 28 mai dans le sud-est du Pérou, après de violents heurts entre manifestants et forces de l'ordre qui ont fait deux morts et plusieurs blessés, au huitième jour d'un mouvement déclenché contre le groupe suisse minier Xstrata, accusé de polluer des cours d'eau voisins en exploitant une mine de cuivre.

"Le gouvernement a déclaré l'état d'urgence dans la province d'Espinar, dans la région de Cuzco, afin de sauvegarder la sécurité de la population et la libre-circulation dans cette zone du pays, face aux violentes manifestations qui ont fait deux morts et conduit à la séquestration d'un procureur", a déclaré le premier ministre péruvien Oscar Valdes, lors d'une conférence de presse au Palais du gouvernement.

Cette mesure suspend pendant trente jours les garanties constitutionnelles concernant la liberté et la sécurité des personnes, ainsi que la liberté de réunion et de circulation dans le territoire, selon le décret. Le président Valdes, qui était accompagné des ministres de l'intérieur, Wilver Calle, de l'énergie et des mines, Jorge Merino, et de l'environnement, Manuel Pulgar Vidal, a affirmé que cette mesure était due au fait qu'"il ne s'agit pas d'une mobilisation pacifique, mais de personnes extrémistes qui attaquent l'autorité de la police".

Le procureur Hector Herrera, "qui a été retenu par les manifestants, a été remis en liberté pendant la nuit et est arrivé en bonne santé dans une station de police", a indiqué à la radio RPP la présidente des procureurs de Cuzco. Le premier ministre a appelé la population d'Espinar à cesser les actes de violences pour dialoguer avec le gouvernement.

POLLUTION DE DEUX RIVIÈRES

Les manifestations ont provoqué lundi "la mort de deux civils, 50 personnes ont été blessées dont 30 policiers, et le procureur de la province d'Espinar, Hector Herrera, a été séquestré", a indiqué le ministre de l'intérieur, qui a précisé que les manifestants étaient arrivés près de la mine suisse Xstrata, à bord de dix véhicules, avant de lancer des pierres et de placer des troncs d'arbres sur la route qui relie Cuzco, capitale régionale, à la mine.

Les autorités régionales d'Espinar accusent Xstrata de polluer deux rivières et exigent une étude environnementale. Les heurts sont intervenus quand les forces de l'ordre ont voulu disperser les centaines de manifestants qui bloquaient la route. La police a fait usage de gaz lacrymogène.

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Je me demande si ça n'a pas sa place dans "Conneries du net" tellement c'est une caricature de la connerie des politiciens et encore pire, des politiciens républicains américains (ça fait très "introduction de film catastrophe" aussi):

Interdira-t-on les prévisions climatiques ?

 

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C'est une histoire tellement incroyable qu'il vaut mieux commencer par donner les faits tels que les a rapportés, lundi 28 mai, le News & Observer, journal implanté en Caroline du Nord. Les autorités fédérales américaines ayant estimé qu'en raison de leur relief peu élevé, les côtes de cet Etat étaient vulnérables face à la montée du niveau de l'océan due au réchauffement climatique, il a été demandé à une commission scientifique d'évaluer les risques. Son rapport, rendu à la Commission des ressources côtières de Caroline du Nord, a expliqué qu'il fallait s'attendre à une montée des eaux d'un mètre d'ici à la fin du siècle, avec pour corollaire quelque 5 000 kilomètres carrés de terres passant dans la catégorie des zones inondées ou inondables. Ce qui signifie, en clair, des conséquences économiques importantes avec le bouleversement de la politique locale d'aménagement du territoire, la fin de projets de stations balnéaires et l'obligation de construire des routes surélevées.

 

Beaucoup trop pour le NC-20, un groupement de 20 comtés côtiers de Caroline du Nord. Jugeant que le catastrophisme était mauvais pour les affaires et qu'il ne fallait pas s'appuyer sur "des modèles informatiques basés sur de simples hypothèses humaines", ce lobby local est donc passé à l'offensive contre ce rapport scientifique, avec tant d'efficacité que l'évaluation d'1 mètre de hausse du niveau de l'océan a été substantiellement revue à la baisse : la Commission des ressources côtières a finalement validé le chiffre de 15,6 pouces, soit un peu moins de 40 centimètres. Mais cette contre-attaque ne s'est pas arrêtée là. Un texte amendant une loi sur la politique d'aménagement des côtes de Caroline du Nord a même été préparé en avril, qui ajoute des restrictions sur l'évaluation de la hausse du niveau de l'océan dans cet Etat ! Il explique notamment que la Division de la gestion des côtes (qui n'est pas un organisme scientifique) sera la seule agence habilitée à la réaliser et ce uniquement à la demande de la Commission des ressources côtières. Les chercheurs pourront toujours effectuer des calculs dans leur coin, cela ne sera pas pris en compte par la Commission.

 

Ce texte présenté par des élus républicains va même plus loin en expliquant comment la hausse future du niveau de l'océan devra être estimée ! La prévision ne s'appuiera sur aucun modèle de climatologie mais devra seulement être extrapolée à partir des relevés historiques de niveau de la mer effectués depuis 1900. Quant à l'extrapolation elle-même, il s'agira d'une simple ligne droite prolongeant la tendance passée et "n'inclura pas de scénario prévoyant une accélération de la montée du niveau des océans". Alors même que tous les modèles prévoient ce genre d'accélération et que les mesures effectuées ces dernières années, en particulier par les altimètres des satellites Topex-Poséidon et Jason 1 et 2, concordent avec ces prévisions.

 

On pourrait très bien arguer que la valeur de 15,6 pouces est tout à fait correcte puisqu'elle s'insère bien dans la fourchette allant de 18 à 59 centimètres inscrite dans le rapport du GIEC de 2007. Ce serait omettre que cette fourchette a été volontairement conservatrice comme le précisait à l'époque le GIEC lui-même : "Les projections ne tenant compte ni des incertitudes liées aux rétroactions entre le climat et le cycle du carbone, ni des effets complets de l’évolution de l’écoulement dans les nappes glaciaires, les valeurs supérieures des fourchettes ne doivent pas être considérées comme les limites supérieures de l’élévation du niveau de la mer." Dans les faits, la perte de masse des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique s'accélère depuis plusieurs années comme l'ont montré les mesures des satellites GRACE. Une étude de 2009 a donc réévalué la hausse à venir du niveau des mers : selon le scénario le plus modéré (augmentation de température limitée à 2°C à la fin du siècle), la hausse moyenne serait de 104 centimètres, ce qui est en bon accord avec la mesure donnée par le panel de chercheurs s'intéressant aux côtes de la Caroline du Nord.

 

Le projet de loi en question n'a, à ma connaissance, pas encore été soumis au vote. Cela dit, et au-delà des disputes sur les chiffres, on ne peut que trouver inquiétantes cette envie de vouloir faire taire la science par la législation et cette manière de se dire qu'un phénomène naturel sera limité parce que des responsables politiques ont décidé de le sous-évaluer. Cela rappelle évidemment l'arrêt aux frontières de la France du "nuage" radioactif de Tchernobyl. La hausse conséquente du niveau des océans au XXIe siècle aura lieu partout sur la Terre sauf en Caroline du Nord où elle sera limitée à moins de 40 cm, alors que l'article du News & Observer fait remarquer que d'autres Etats côtiers américains comme la Louisiane, la Californie, le Delaware et le Maine se préparent respectivement à des hausses de 1, 1,4, 1,5 et 2 mètres.

 

Il se peut aussi que rien de tout cela n'arrive, à en croire le sénateur républicain de l'Oklahoma James Inhofe, tout simplement parce que Dieu ne permet pas le changement climatique. C'est écrit dans la Bible. Lors d'une intervention à la radio début mars, cet homme politique a cité un passage de la Genèse pour soutenir son propos : "Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l'été et l'hiver, le jour et la nuit ne cesseront point." Il a ajouté : "Dieu est toujours là-haut. Je suis scandalisé par l'arrogance des gens qui pensent que nous, êtres humains, serions capables de changer ce qu'Il fait avec le climat." Tout est dit.

 

Pierre Barthélémy (@PasseurSciences sur Twitter)

 

Post-scriptum : ce billet a été le sujet de l'Histoire du jour sur France Info, en ce lundi 1er juin où la chaîne de radio fête ses 25 ans d'existence.

 

(L'illustration de ce billet est une prévision de la hausse des températures pour la dernière décennie du siècle, selon un des scénarios présentés dans le rapport du GIEC 2007.)

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Si on se basait sur les prévisions de ces connards de scientifiques hippies, on vivrait ans des igloos en ce moment.

Avant de délirer (enfin sciemment, les subventions sont biengrasses) sur le réchauffement climatique, ils nous prévoyaient une incroyable ére glaciaire pour aujourd'hui.

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Dans les années 80, les mêmes mongols qui parlent de réchauffement climatique aujourd'hui avaient prévu une ère glaciaire pour le XXIème siècle.

Ils se son tun peu plantés.

 

Aujourd'hui, il a un réchauffement dont l'intensité est discutable.

Mais la vériable arnaque réside dans les supposées causes de ce rachauffement. Désigner l'activité humaine come principale responsable semble être une vaste escroquerie politique. Il y a déjà eu des réchauffements plus importants dans le passé alors qu'il n'y avait pas la moindre activité humaine à la surface. Il faut peut-être regarder du côté du noyau.

Edited by Mendy4Ever
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ou coté constellation. On est foutu les mecs (enfin on sera plus là pour le voir)

 

Collision "inévitable" des galaxies Andromède et la Voie lactée

 

Le Monde.fr avec AFP | 01.06.2012 à 13h26 • Mis à jour le 01.06.2012 à 13h26

 

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Une collision cataclysmique entre notre galaxie, la Voie lactée, et celle d'Andromède est inévitable mais dans quatre milliards d'années, selon des prévisions dévoilées jeudi par la NASA, l'agence spatiale américaine.

"Notre modèle correspond statistiquement à une collision frontale entre la galaxie d'Andromède et la Voie lactée", a expliqué Roeland van der Marel, un astrophysicien du Space Telescope Science Institute (STScI) de Baltimore, lors d'une conférence de presse. Cette conclusion résulte des mesures de la vitesse et de la direction de la trajectoire d'Andromède, une opération compliquée effectuée grâce au télescope spatial Hubble.

Andromède, encore appelée M31, se situe actuellement à 2,5 millions d'années-lumière (une année-lumière correspond à 9 460 milliards de kilomètres) de la Voie lactée, mais se dirige inexorablement vers elle. Cette attraction provient des forces gravitationnelles respectives exercées par les galaxies ainsi que de la matière noire invisible qui les entoure.

SIMULATIONS INFORMATIQUES

"Après quasiment un siècle de spéculation dans la communauté scientifique sur le destin d'Andromède et de sa voisine la Voie lactée, nous avons enfin une idée claire du déroulement de ces événements cosmiques au cours des prochains milliards d'annnées", a relevé Sangmo Tony Sohn, du Space Telescope Science Institute (STScI) de Baltimore. Ce scénario est similaire au rôle du "batteur" dans un match de base-ball, celui qui regarde la balle arriver vers lui à grande vitesse, relèvent ces astrophysiciens.

Bien qu'Andromède s'approche de notre galaxie deux mille fois plus vite, il lui faudra quatre milliards d'années avant une collision avec la Voie lactée. En outre, des simulations informatiques élaborées avec les données produites par Hubble montrent qu'il faudra deux milliards d'années de plus, après la rencontre entre les deux galaxies, pour que leur fusion soit complète. Il en ressortira une seule galaxie, de forme elliptique, plus courante dans notre univers environnant, ont expliqué ces astronomes. La Voie lactée, qui est une galaxie plate, en ressortira donc complètement transformée, prédisent-ils. Le Soleil se retrouvera lui dans une nouvelle région de la galaxie mais la Terre et notre système solaire ne sont pas en danger d'être détruits, assurent ces scientifiques.

Et même si les deux galaxies vont fusionner, les étoiles qu'elles contiennent sont très éloignées les unes des autres et pourraient très bien ne pas entrer en collision durant cette rencontre, selon eux.

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Selon le New York Times, Barack Obama a donné l’ordre, dès les tout débuts de sa présidence, d’intensifier les attaques informatiques sur le programme nucléaire iranien. D’où Stuxnet qui, sans un bug, n’aurait jamais dû se retrouvé exposé au grand jour comme il l’a été. Mais il l’a fait et l’administration américaine semble bien consciente que son recours aux armes informatiques est susceptible de justifier des ripostes, sur le même terrain.

 

http://www.lemagit.fr/article/etats-unis-cyberguerre-iran-cyberdefense-stuxnet-israel-flame/11170/1/les-etats-unis-seraient-origine-stuxnet-plus-encore/

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Sauf que les US ont déjà prévenu qu'une attaque informatique contre eux était équivalent à un acte de guerre et qu'elle entraînerai la réponse jugée appropriée, quelle soit politique, économique ou militaire.

 

Sinon, info connue depuis vendredi. Ce week-end, il a bruité que ce serait un aveux (non officiel) volontaire afin de montrer au peuple américain que l'administration Obama agit face à un de leur plus grands ennemis ( :branlette ), ceci bien sur en vu de l’élection présidentielle à venir. Tout cela, en ayant conscience que sur le plan de la politique étrangère, ça les fout en position très inconfortable. Surtout à 15 jours d'une nouvelle rencontre du groupe "5+1" (5 membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU + Allemagne) avec l'Iran pour des négociations sur son programme nucléaire...

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Maurice Lemoine, L’austérité est-elle une fatalité ?, Le Monde Diplomatique, avril 2012

 

L’austérité est-elle une fatalité ?

Face aux créanciers, effronterie argentine et frilosité grecque

 

 

 

La crise grecque n’est pas inédite. D’autres pays accablés par le fardeau de la dette ont parfois choisi de ne plus payer, comme l’Argentine des décennies 1990-2000. Cet exemple emblématique illustre aussi bien les logiques qui conduisent à la catastrophe que les mécanismes qui pourraient permettre à Athènes de desserrer l’étau.

avril 2012, par Maurice Lemoine

 

 

Tout commence par une idée éblouissante. Pour mettre un terme à l’inflation qui ravage le pays à son arrivée au pouvoir en 1989 (1), le président péroniste Carlos Menem — flanqué de son superministre de l’économie Domingo Cavallo, formé à Harvard et ancien fonctionnaire de la dictature (1976-1983) — fixe le taux de change de la monnaie argentine de manière rigide : 1 peso pour 1 dollar. Il grave ce système dit du « currency board » dans la Constitution. Qualifiée de « big bang » et encouragée dès l’origine par le Fonds monétaire international (FMI), cette politique réussit dans un premier temps : l’inflation disparaît, la croissance s’affermit.

 

Le 1er janvier 2001, la Grèce remplit les critères de Maastricht et rejoint la zone euro. Un an plus tard, les pièces frappées de la nouvelle devise remplacent la drachme, l’ancienne monnaie nationale.

 

Après la crise mexicaine (1994-1995), l’Argentine peine à se financer sur les marchés : la hausse des taux d’intérêt — qui atteignent 20 % — pèse sur son budget. Plusieurs crises ayant fragilisé les nations émergentes (Asie du Sud-Est, Russie, Brésil), le dollar, devenu placement refuge, voit sa valeur croître. Le mariage d’amour du peso avec le billet vert se retourne contre Buenos Aires : en ôtant à la banque centrale toute autonomie, le gouvernement abandonne le contrôle de sa politique monétaire. Quand plusieurs voisins importants, comme le Brésil, dévaluent leur monnaie, quand le dollar s’apprécie par rapport à l’euro, l’Argentine perd toute compétitivité sur ses marchés, proches ou lointains. L’année 1998 marque ainsi le passage de la croissance à la récession.

 

Avec le passage à l’euro, l’industrie grecque pâtit d’une monnaie forte par rapport à la drachme : sa production « coûte cher ».

 

Quand, le 24 octobre 1999, M.Menem cède la place au radical Fernando de la Rúa, dirigeant d’une coalition de centre-gauche, le Front pour un pays solidaire (Frepaso), que n’aurait pas désavouée l’ancien premier ministre grec Georges Papandréou, les finances sont en ruine. Sur trente-six millions d’Argentins, quatorze millions vivent officiellement en dessous du seuil de pauvreté. Eternel protecteur du genre humain, le FMI promet au nouveau gouvernement un prêt de 10 milliards de dollars pour refinancer ses dettes, à condition qu’il s’engage à mettre en œuvre un programme d’austérité. Aussi respectueux qu’un domestique nouvellement engagé, et pour éviter tout moratoire ou défaut de paiement — la dette publique atteint 147,8 milliards de dollars —, le pouvoir élabore un plan d’ajustement structurel. En juin 2000, une grève générale de trente-cinq jours paralyse le pays.

 

Le 30 novembre 2009, alors que les ministres des finances européens expriment leur préoccupation, M. Papandréou — qui a succédé à un premier ministre conservateur, M. Costas Caramanlis — admet que l’économie grecque se trouve aux « soins intensifs ». Le 3 mars 2010, il annonce un premier plan d’austérité.

 

Une meute d’économistes du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement (BID) planchent sur un « plan de sauvetage » — forcément le dernier. « Le FMI ne permettra pas à l’Argentine d’obtenir le soutien promis tant que le gouvernement n’aura pas mis en œuvre, par loi ou par décret, l’ensemble de mesures annoncées par le président (2) », avertit M. Stanley Fischer, directeur général adjoint d’une institution qui sait aussi se montrer désagréable en cas de besoin, le 23 novembre 2000. C’est donc par décret que M. de la Rúa démantèle ce qui reste du service public des retraites, dérégule la sécurité sociale, flexibilise le marché du travail, libéralise le secteur de la santé.

 

Le 23 avril 2010, Athènes obtient un premier prêt de 45 milliards d’euros accordé par l’Union européenne et le FMI.

 

Les affrontements entre la police et les manifestants font leurs premières victimes. Les escraches — insultes, jets de pierres ou d’œufs, agressions —, les barrages routiers et les concerts de casseroles (cacerolazos) se multiplient. Le 18 décembre 2000, utilisant rationnellement les incompétences, une coalition de financiers internationaux emmenée par le FMI gratifie Buenos Aires d’un nouveau plan d’« aide » d’un montant total de 39,7 milliards de dollars sur trois ans. Grâce à ces mesures, l’Argentine est sauvée ! D’autant que M. de la Rúa annonce une nouvelle réduction des dépenses publiques et nomme, le 20 mars 2001, M. « peso-dollar » Cavallo ministre de l’économie. Son retour, (momentanément) salué par la Bourse, le FMI et les marchés, enthousiasme le Financial Times : ses résultats lui ont en effet donné « l’étoffe d’une légende parmi les investisseurs internationaux et les politiques du monde entier (3) ». Il emplit d’espoir le premier ministre britannique Anthony Blair et le président américain George W. Bush, qui expriment publiquement leur satisfaction.

 

Le 2 mai 2010, dans l’optique de « mettre un terme à la crise », les ministres des finances européens accordent à la Grèce un « plan de sauvetage » de 110 milliards d’euros.

 

Pour éviter un défaut de paiement, et parce que la possibilité d’un moratoire déclaré unilatéralement est dogmatiquement exclue, M. Cavallo invente le « mégachange », à travers lequel des titres de la dette à court terme (29,5 milliards de dollars) sont échangés pour des titres à long terme (jusqu’à trente ans), mais — accélérant la catastrophe — avec des intérêts faramineux. Ensuite, il s’attaque au « déficit zéro » en diminuant de 13 % les salaires et pensions de plus de 500 pesos (500 dollars) ; une mesure qui affecte 92 % des employés de l’Etat et 15 % des retraités. Par centaines, les petites et moyennes entreprises (PME) mettent la clé sous la porte.

Comme la peste du Moyen Age, l’horreur économique pousse les piqueteros — des chômeurs qui ont choisi comme moyen d’action de couper les routes — à ériger des barrages par centaines, et une masse d’Argentins à lancer une grève générale, le 20 juillet 2001. Les agences de gestion des risques Standard & Poor’s et Moody’s annoncent qu’elles pourraient classer l’Argentine en « cessation de paiement technique ». Un porte-parole du Trésor américain complète le message en précisant : « Davantage de sacrifices seront probablement nécessaires de la part de la population argentine avant d’obtenir la situation d’équilibre désirée (4). »

 

Le 15 juin 2011, une grève générale paralyse la Grèce : la population proteste contre un nouveau programme d’austérité destiné à économiser 28 milliards d’euros. Malgré de nombreux heurts avec la police, le programme sera voté le 29 juin, ouvrant la voie au versement d’un nouveau plan d’aide de 109 milliards d’euros, le 22 juillet.

 

Les banques étant dans l’incapacité de faire face aux demandes de retrait des dépôts effectués en pesos et en dollars, le gouvernement impose à partir du 3 décembre de strictes mesures limitant les sorties d’argent vers l’étranger. Surtout, il interdit aux épargnants l’accès à l’argent liquide de leurs comptes bancaires, faisant entrer en vigueur le corralito (« petit enclos »). Est-ce suffisant ? Déguisée en vertu, l’hypocrisie fleurit : alors que les recettes fiscales ont enregistré une nouvelle chute record en novembre (- 11,6 %), les plans de rigueur ayant paralysé l’activité économique et provoqué une récession qui dure depuis trois ans, l’agence Fitch abaisse la note de la dette publique de C à DDD (défaut de paiement). Le FMI annonce qu’il ne versera pas la somme de 1,26 milliard de dollars accordée précédemment.

 

Septième grève générale ! Dès le 12 décembre, d’importantes manifestations se déploient, s’amplifient et sont réprimées (sept morts, trois cent soixante-dix-huit blessés). Elles débouchent sur le pillage de supermarchés et de commerces par des exclus démunis de toute couverture sociale. La classe moyenne fait bruyamment résonner ses cacerolazos. Sans drapeaux ni dirigeants, des centaines de milliers de mécontents se mettent à onduler et à gronder comme une mer en furie. Pour seule réponse, M. de la Rúa décrète l’état de siège et intensifie la répression policière : trente-cinq morts, plus de quatre mille cinq cents arrestations. Mais la mobilisation populaire ne faiblit pas. Le 19 décembre 2001, suivant dans sa déroute l’impopulaire Cavallo, le cabinet ministériel remet sa démission. Le lendemain, à mi-mandat, M. de la Rúa saute dans un hélicoptère, abandonnant la Casa Rosada.

 

Les 19 et 20 octobre 2011, une grève générale et de violentes manifestations paralysent la Grèce ; Dimitris Kotsaridis, l’un des manifestants, y laisse la vie.

 

Tandis que l’incurie des prescriptions du FMI, de la Banque mondiale et de leurs amis (une sorte de « troïka ») apparaît au grand jour, le péroniste Adolfo Rodríguez Saá est nommé à la présidence par le Congrès. Devant l’Assemblée, il déclare qu’il ne paiera pas un centime de la dette. Il plaide pour une politique de relance, parle de créer un million d’emplois et entend revenir sur la diminution des retraites et sur la flexibilisation du droit du travail. Ces premières décisions — qui ont « plus de points communs avec le populisme le plus arriéré qu’avec l’image rénovatrice et moderne que prétend donner le président intérimaire » — inquiètent les marchés (qui ont pour interprète, dans ce cas précis, le quotidien espagnol El País, le 28 décembre 2001).

Alors que la population exige des solutions concrètes, les manifestations dégénèrent. « Je n’ai pas d’autre choix que de présenter ma démission irrévocable », capitule M. Saá, sept jours après avoir pris ses fonctions.

Voici le péroniste Eduardo Duhalde nommé pour le reste du mandat, c’est-à-dire jusqu’en décembre 2003. C’est le cinquième président en quinze jours (5). A peine constitué, le gouvernement envoie au Parlement une loi d’urgence qui, approuvée le 6 janvier 2002, comporte des modifications fondamentales en matière de politique économique. Il s’agit, pour relancer l’activité, de dévaluer le peso d’environ 30 %, en mettant fin à la parité fixe imposée en 1991. « Le discours et les gestes, sans cesser d’être populistes, sont maintenant plus prudents », note encore El País le 3 janvier. « Populistes » ? Evidemment : la dévaluation risque de faire perdre 3 milliards d’euros aux multinationales espagnoles qui s’ébattent en Argentine comme en pays conquis — et que la Bourse de Madrid châtie soudain sévèrement.

 

L’option consistant à tout faire pour préserver sa place au sein de la zone euro interdit à la Grèce de dévaluer sa monnaie pour tenter de relancer ses exportations.

 

Les sociétés concessionnaires des services publics privatisés, souvent d’origine étrangère, réclament des augmentations de tarif allant de 40 à 260 %. « Jamais de ma vie je n’ai reçu autant d’appels téléphoniques de tous les groupes implantés en Argentine qui ne veulent pas que nous touchions à leurs privilèges », confiera un peu plus tard le président Duhalde (6). Le 27 janvier, lançant un avertissement qui résonne comme une menace, le commissaire européen aux affaires monétaires Pedro Solbes dénonce « les carences et les contradictions » du programme économique argentin. Le Crédit agricole français, l’espagnole Banco Santander et la canadienne Bank of Nova Scotia filent à l’anglaise, laissant des dizaines de milliers d’Argentins sans économies.

 

En dépit de déclarations officielles allant dans le sens de la rigueur, le gouvernement craint davantage une énième explosion sociale que le mécontentement des investisseurs étrangers, des Etats-Unis ou du FMI. Il maintient donc le moratoire décrété par M. Saá. Demandant au nouveau président un « plan cohérent », le FMI réagit : il refusera toute assistance tant que perdurera la politique en cours, et il donne un an à l’Argentine pour payer sa dette.

 

Le 31 octobre 2011, M. Papandréou annonce qu’il soumettra l’accord conclu le 27 octobre (visant à « sauver » une nouvelle fois la Grèce en lui imposant davantage d’austérité) au vote des citoyens. Tancé par l’Allemagne, la France, Bruxelles et le FMI, il y renonce le 3 novembre.

 

Dans son discours d’investiture, M. Duhalde avait affirmé que les dépôts bancaires bloqués par le corralito seraient restitués dans la monnaie originale. Revenant sur ses engagements, il annonce que les épargnants récupéreront leur argent en pesos et non en dollars, sur la base de 1,40 peso par dollar, alors qu’au taux de change libre celui-ci coûte déjà 1,65 peso. En avril, le FMI, soufflant le chaud et le froid — à moins, tout simplement, qu’il n’ait pas la moindre idée de la conduite à suivre ! —, fait un geste de 710 millions de dollars pour financer le déficit des provinces. Partageant avec ses interlocuteurs un goût certain pour le comique de répétition, M. Duhalde s’engage à opérer... des coupes dans les dépenses publiques. Au cours des trois mois précédents, les entreprises ont procédé à cent soixante-dix mille licenciements ; le chômage atteint officiellement 25 %.

Dans la province de Buenos Aires, la suppression des bourses a sorti des écoles environ cent trente mille élèves des quartiers défavorisés. La dévaluation a contraint les commerçants à augmenter le prix des produits nationaux et importés, parfois de 30 % (70 % pour la farine).

 

Le 20 février 2012, les ministres des finances de la zone euro se mettent d’accord pour verser à la Grèce une aide supplémentaire de 130 milliards d’euros en échange de nouvelles mesures d’austérité. Le ministre néerlandais des finances Jan Kees de Jager demande la mise en place d’une « surveillance permanente » d’Athènes par l’Union européenne et le FMI.

 

Une autre logique s’impose alors en Argentine. Depuis la fin de l’année 2001 ont surgi partout des assemblées populaires, des organisations de chômeurs et de piqueteros, des réseaux de troc, des coordinations de santé ou d’éducation ; les travailleurs reprennent en autogestion les usines abandonnées (7). Les hommes politiques, les membres du gouvernement, les juges n’osent plus apparaître en public : ils ont été trop avides, trop corrompus ; le pays tout entier les vomit. Le cauchemar de la ruine fait se soulever les communautés paysannes. En ville, les cacerolazos reprennent ; des syndicats de chômeurs et de salariés, des banlieusards qui ne mangent plus à leur faim bloquent l’accès à la capitale. Dans un chaos total, au cri de « Que sa vayan todos ! » (« Qu’ils s’en aillent tous ! »), les Argentins se révoltent à nouveau, laissant sur le carreau deux morts et cent quatre-vingt-dix blessés (sans parler des cent soixante détenus).

 

Le 26 juin 2002, la répression féroce d’une manifestation de piqueteros — le « massacre d’Avellaneda » — fait deux nouvelles victimes et trente-trois blessés par balle. Devant l’indignation populaire, M. Duhalde annonce des élections anticipées, six mois avant le terme prévu.

 

En décembre, dans les rues de Buenos Aires, près de cent mille personnes défilent encore, réclamant une assemblée populaire où serait discuté le changement radical du modèle économique. Gelées depuis décembre 2001, les négociations avec le FMI demeurent au point mort. Pour beaucoup, l’Argentine, devenue un paria financier, comme l’Irak, le Liberia ou la Somalie, a déjà un pied dans la tombe. D’ailleurs, le sociologue français Alain Touraine l’enterre : « Elle n’a aucune capacité à se transformer et à prendre des décisions. En tant qu’unité, en tant que pays et en tant que système politique, elle est morte (8). » Morte, peut-être, mais elle bouge encore. Et sacrément.

Lors de la campagne électorale, trois candidats se présentent au nom du péronisme : M.Menem, l’éphémère président Saá et Néstor Kirchner, inconnu du grand public mais gouverneur de centre gauche de la province de Santa Cruz (Patagonie). Le 27 avril 2003, Kirchner et M. Menem arrivent en tête, avec respectivement 24,34 % et 21,9 % des voix. Le 14 mai, donné « laminé-battu-écrasé » par les sondages, M. Menem — qui a annoncé que, s’il était élu, il n’hésiterait pas à faire appel à l’armée pour venir à bout du « désordre » — renonce à disputer le second tour.

 

Le 25 mai, dans son discours d’investiture, Kirchner se pose en défenseur de la justice sociale et en partisan d’un rôle accru de l’Etat, pour « mettre de l’égalité là ou le marché exclut ». Alors que les Etats-Unis n’ont envoyé qu’un fonctionnaire de second rang, le secrétaire au logement et au développement urbain Mel Martinez, il n’échappe à personne qu’à l’applaudimètre des délégations étrangères le président cubain Fidel Castro, le Vénézuélien Hugo Chávez et le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva crèvent les plafonds.

Les investisseurs étrangers réclament toujours une réévaluation substantielle des tarifs des services publics privatisés (mesure également exigée par le FMI). De leur côté, Kirchner et son ministre de l’économie Roberto Lavagna décident de contrôler les entrées de capitaux spéculatifs et annoncent une augmentation de 50 % du salaire minimum afin de relancer la consommation.

 

Dès lors, la politique du président prend l’exact contre-pied de celle qui a ravagé le pays. Rompant la « relation fusionnelle » entretenue depuis les années 1990 avec les Etats-Unis, il se tourne vers l’axe progressiste latino-américain. Il réaffirme le rôle de la volonté en politique et de l’Etat dans l’économie. Il lie assainissement financier et développement des protections sociales, reconstruction de l’offre industrielle et soutien de la demande populaire.

 

A partir de septembre 2002, du fait de la très forte dépréciation du peso qui, en protégeant l’industrie, permet la reconquête du marché intérieur et la substitution de certaines importations, la croissance était revenue ; son taux, favorisé par le dynamisme des exportations, augmente fortement.

Observant ce redressement, le FMI souhaite évidemment que Buenos Aires consacre une part de l’excédent de ses rentrées fiscales à améliorer son offre sur la dette. Pour toute réponse, Kirchner propose de reprendre les paiements en échange d’un abandon d’une partie de leur créance par les acteurs financiers. Et, de fait, en septembre 2003, à l’occasion de l’assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale qui se tient à Dubaï, il définit personnellement son offre, « à prendre ou à laisser », négociant directement avec le marché au lieu de s’y soumettre. C’est ainsi qu’il arrache aux gendarmes monétaires un moratoire qui diffère de trois ans (jusqu’en septembre 2006) le recouvrement de 12,5 mil-liards de dollars, proroge le délai de remboursement de 2,43 milliards de dollars sur lesquels l’Argentine est en défaut de paiement et, surtout, refuse de prendre un quelconque engagement quant à l’application des recettes du Fonds.

 

Cette position dure a finalement été payante, et la restructuration obtenue le 25 février 2005 a créé un précédent intéressant, pour ne pas dire un exemple. Ce jour-là, l’Argentine a imposé une réduction de sa dette publique, tant interne qu’externe (178,7 milliards de dollars), grâce à une décote de 75 % portant sur 82 milliards de dollars (9). De cette somme, 43,5 % étaient aux mains d’épargnants individuels non résidents (parmi lesquels beaucoup d’Italiens et d’Allemands), 34,5 % appartenaient à des investisseurs institutionnels étrangers et 22 % à des Argentins. Les montants dus au FMI, à la Banque mondiale et autres organismes internationaux ne sont pas concernés par l’accord (10) — ce que d’aucuns, partisans de la manière (encore plus) forte, reprocheront au président.

 

Le 9 mars 2012, la Grèce procède à la plus importante restructuration de dette de l’histoire, portant sur 206 milliards d’euros : au moins 83,5 % de ses créanciers privés ont accepté d’effacer 53,5 % de la valeur de leurs titres (Athènes promettant d’imposer une décote similaire aux autres). Pour les investisseurs, cette opération coordonnée garantit des remboursements qu’un défaut « chaotique » aurait interrompus. Contrairement à ce qui s’est passé en Argentine, le défaut grec ne s’inscrit pas dans un processus de rupture sur les plans économique et politique : à l’écoute des exigences de la « troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI), le gouvernement grec annonce de nouvelles mesures d’austérité.

 

Accusé de « populisme », critiqué pour son refus de criminaliser la protestation sociale, parfois accusé d’autoritarisme, le président Kirchner, s’il n’a pas réglé tous les problèmes de son pays, a renationalisé certaines entreprises stratégiques — les caisses de retraite, la radio, l’eau, le courrier —, financé d’importants programmes sociaux et réduit le taux de pauvreté de moitié en quatre ans. « Nous avons réussi la meilleure négociation du monde pour la plus importante dette du monde », déclarait-il à Dubaï le 25 février 2005.

Au mois de décembre 2005, avec l’aide du Venezuela (acquéreur de 1,6 milliard de dollars d’obligations), le pays s’offrira le luxe de rembourser d’un coup la dette contractée auprès du FMI (9,8 milliards de dollars). Là encore, des critiques se feront entendre. Mais, pour Buenos Aires, la mesure avait un objectif capital : empêcher les responsables de la catastrophe de 2001-2002 de fourrer à nouveau leur nez dans la conduite des affaires du pays.

 

En retrouvant sa souveraineté, le pays s’est redressé spectaculairement, au point que son produit intérieur brut (PIB) a triplé entre 2003 et 2011. C’est entendu : le secteur exportateur grec n’est pas l’argentin, et, depuis 2001, Buenos Aires a profité d’un rayon de soleil sur l’économie mondiale, dopée par le crédit bon marché et la demande chinoise en matières premières. Pour se redresser, Athènes ne peut raisonnablement pas compter sur un tel environnement.

 

Cela ne devrait pas l’empêcher de méditer la morale de ce précédent. Celle que, l’année suivante, Joseph Stiglitz, lauréat en 2001 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, formula en ces termes, en observant le désastre argentin : « Tout économiste digne de ce nom aurait pu prédire que les politiques d’austérité allaient provoquer un ralentissement de l’activité et que les objectifs budgétaires ne seraient pas atteints (11). »

Alors, si on réfléchissait à la situation de la Grèce, à présent ?

 

 

Maurice Lemoine

 

 

Journaliste.

 

 

(1) 1 105 % en moyenne entre 1985 et 1990.

 

(2) El País, Madrid, 24 novembre 2000.

 

(3) Repris dans Courrier international, Paris, 20 décembre 2001.

 

(4) El Nuevo Herald, Miami, 14 juillet 2001.

 

(5) M.Ramón Puerta siège par intérim à la présidence du 21 au 23 décembre 2001, et M. Eduardo Camaño du 31 décembre 2001 au 2 janvier 2002 (par intérim également).

 

(6) Le Monde, 8 janvier 2002.

 

(7) Lire Cécile Raimbeau, « En Argentine, occuper, résister, produire », Le Monde diplomatique, septembre 2005.

 

(8) El País, 14 avril 2002.

 

(9) Au terme de longues négociations avec ceux des créanciers qui l’avaient refusée, cette décote de 75 % sera finalement acceptée en 2010 pour près de 93 % du montant total des sommes concernées.

 

(10) Entre 2001 et 2004, Buenos Aires leur paiera plus de 10 milliards de dollars. L’Argentine doit toujours 6,7 milliards de dollars (hors intérêts) au Club de Paris ; en novembre 2010, celui-ci a accepté de renégocier le règlement de cette dette, mais, comme le réclamait le gouvernement argentin depuis deux ans, sans l’intervention du FMI.

 

(11) Straits Times, Singapour, 10 janvier 2002.

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